Jour 5 (jeudi 23.06.2011) : Prati - E Capanelle
Temps théorique: 6h00 ; Temps effectif : 6h20
Nous quittons avec regret le refuge de Prati et sa moquette. On se fait dépasser assez vite par le gardien du site qui conduit ses mules, plus bas dans la vallée, pour récupérer son ravitaillement. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de groupe, la plupart des agences ont quitté Prati après une courte pause la veille. Ils ont doublé l’étape ou ont rejoint un bivouac plus loin, sur le parcours. Pas de dépassement épuisant ce matin. Le chemin d’aujourd’hui est particulièrement plat : il suit les lignes de courbe pendant des heures, passant de sous bois en plateaux fleuris, en zones sinistrées... On traverse des endroits qui ont récemment brulé : les souches sont calcinées, la terre noircie. Seuls quelques buissons essayent de repousser sur les cendres. Ces paysages désolés nous rappellent les dangers des incendies en Corse : sécheresses, vent et randonneurs imprudents (ou criminels) ont tous les ans de méchantes conséquences pour le patrimoine naturel de la Corse. On déjeune, les pieds dans un torrent glacé, d’un repas de saucisson, pain et de salade niçoise généreusement offerte par un randonneur en quête de légèreté. L’étape se termine par une ascension difficile, en plein soleil sur des éboulis glissants. S’ajoute á cela la digestion de la salade niçoise… Nicolas refuse de s’arrêter pour se baigner dans la rivière en contrebas alors que presque tous les randonneurs de tête profitent de l’onde vivifiante. Le prétexte : la course aux bonnes places dans le prochain refuge.
Les bergeries d’E Capanelle sont situées à coté d’une station de ski endormie pour l’été. Premier contact avec la civilisation depuis le village de Bavella. Voiture, fils électriques et restaurant qui vend des glaces. Main basse sur les « Extrêmes » vanille chocolat et autres friandises glacées. Mon premier achat de fromage Corse : un morceau de tomme local qui se révélera excellente.
Des envies à satisfaire, ce qui me conduit à écrire une chronique sur le thème de la nourriture sur le GR 20. Que mange-t-on sur le mythique sentier corse ? Essentiellement des lyophilisés testés préalablement en Allemagne. On a du hachis Parmentier, du Chili con carne, des pâtes au bœuf et champignons. On les prépare le matin après le petit déjeuner et on les mange le midi. C’est parfait pour les étapes longues ! Le soir, c’est soupe aux poireaux, aux champignons, aux asperges ou crémeuse au tortellinis. Le matin, c’est pain, dosette de Nutella accompagné de thé, chocolat ou de café. Pour les étapes les plus courtes et au fur et á mesure de l’épuisement des lyophilisés, on switch sur la nourriture plus traditionnelle de pique-nique. Pain, saucisson, fromage, chips, salade en boite et gâteau. Dans presque tous les refuges, il y a la possibilité d’acheter du petit ravitaillement. C’est cher : entre 2,5€ et 5€ pour une miche de pain, entre 2€ et 3,5€ pour une canette de soda, entre 23€ et 28€ / kg pour de la charcuterie, entre 5€ et 8€ un saucisson, entre 0,5€ et 2€ pour une conserve de compote. On essaye de s’accorder quelques petits plaisirs pour garder la motivation. Une canette de Coca fraîche après 6h de marche en plein soleil : c’est Byzance !
Les douches du refuge sont folkloriques : deux cabines dont on a enlevé des planches á mi-hauteur pour faire passer les tuyaux d’eau. De l’extérieur, on a une vue superbes sur le haut des cuisses (et parfois plus) des personnes qui se douchent. Repas arrosé de bière avec Celine et Clément. On passe une super nuit. On s’installe confortablement entre des hautes herbes et une petite maison de pierres...