Le bivouac de Prati et son "green"
On récompense nos efforts par un Coca Cola frais. On retrouve, d’ailleurs, plusieurs fois à la cabane du ravitaillement pour racheter un saucisson, des salades en boite, des mars et Kit Kat. Le gérant réapprovisionne son commerce quasiment tous les jours par mules. Les mules sont garées non loin de là sous un arbre. Ici, au milieu de la montagne Corse, sa cahute ressemble á une caverne d’Ali Baba avec des conserves, des friandises, des tablettes de chocolat, des saucissons pendus au plafond et des oranges (1€ la pièce). On apprécie particulièrement les deux gros frigos avec sa palette de boissons fraiches (Orangina, Coca, Ice Tea, bière). On peut même acheter des chaussures de marche si son matériel trépasse avant la fin du GR 20. Nicolas a vu une dame dont la semelle de la chaussure était fixée par du ruban adhésif…
 
Le système de réservation centralisé et électronique a des couacs. Le refuge a été surbooké ainsi que les tentes de location. Ainsi, notre groupe de vieux de 11 personnes se retrouvent sans toit. Ils passeront une très mauvaise nuit dans la cuisine commune du refuge, dévorés par les puces et insultés allégrement par le gardien peu coopératif. Le camp est bondé, les randonneurs installent tant bien que mal leur tente entre les cailloux et sur terrain pentu. Cette étape a fait du mal : ceux qui ont trop chargé sac le regrettent amèrement. Le doute les gagne sur la suite du parcours. Moi, j’ai surtout mal aux pieds à cause de l’échauffement dû aux ascensions et aux descentes sur des blocs de pierre en dévers.
 
Après un plat de soupe et des chips, nous passons notre première nuit au refuge. Un refuge, consiste en plusieurs rangées de matelas posés sur des planches en bois sur deux étages. Les matelas font 90 cm de large : pas vraiment King size… On retrouve le confort de vrais matelas et le groupe à l’intelligence de laisser la porte grande ouverte pour l’aération. En ce qui concerne les puces, Céline nous a prêté du répulsif pour les éventuelles attaques. Malheureusement, je me rends compte en plein milieu de la nuit que je suis á coté du plus gros ronfleur du refuge. Les boules Quies n’y font rien. J’essaye de profiter de fenêtre de calme pour me rendormir avant qu’il ne se remette à ronfler. Un vrai défi.
Ravitaillement en cours de route
Conquérants du Monte Incudine !
Petit matin à Asinau
La première ascension est très difficile. On talonne le groupe des vieux qui finalement acceptent de nous laisser passer au premier col. On atteint le Monte Incudine à 8h30 avec un groupe de six personnes que nous suivrons pendant les quatre prochaines heures. Après une séance photo et quelques minutes de contemplation, nous repartons. On en a encore au moins pour sept heures. Alors, on ne s’attarde pas. La vue en descendant par les crêtes est impressionnante : on aperçoit les deux cotes est et ouest en tournant la tête. Le chemin nous mène jusqu'à un plateau fleuri puis une forêt de feuillus. En contrebas, il y a une petite rivière traversée par une passerelle à clairevoie. Ca bouge, ca tangue, on passe tels des Indiana Jones. S’en suit une traversée de paysages de  landes éclatantes de fleurs jaunes, puis une longue marche dans une forêt de châtaigniers et de chênes méditerranéens. Nous décidons de manger à l’ombre des arbres : aujourd’hui c’est Chili con Carne. Mais la pancarte de la bergerie située à 40 minutes du GR 20 nous a donné des envies de fromage, crêpes, saucissons et gâteaux…
Après la forêt, nous ravitaillons en eau auprès d’une source. Nous commençons, ensuite, une ascension exigeante au pire moment de la journée : on digère et une irrépressible envie de faire un petit roupillon nous prend. Nous parvenons sur l’arrête faitière de la montagne qui devrait nous mener au refuge d’Usciolu. Nous en avons pour deux heures de montée et de descente avec des passages techniques en alternant passage á bâbord et á tribord de la crête. Le paysage est très beau. Les odeurs du maquis sont exacerbées par la chaleur du soleil au Zénith : ca sent bon la citronnelle, le chèvrefeuille et le raifort. C’est enivrant ! Saoulé de soleil et de fatigue, on arrive en vue du refuge. Ce n’est pas gagné ! L’aire de bivouac est très petite et au milieu des pierres. Peu de terrain plat propice à l’installation d’une tente. Cette nuit, on dort au refuge. On redoute un peu la promiscuité, les ronfleurs, la chaleur et on l’apprend par des nordistes, la présence de puces dans les matelas.
Jour 5 (jeudi 23.06.2011) : Prati - E Capanelle
Temps théorique: 6h00 ; Temps effectif : 6h20
 
Nous quittons avec regret le refuge de Prati et sa moquette. On se fait dépasser assez vite par le gardien du site qui conduit ses mules, plus bas dans la vallée, pour récupérer son ravitaillement. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de groupe, la plupart des agences ont quitté Prati après une courte pause la veille. Ils ont doublé l’étape ou ont rejoint un bivouac plus loin, sur le parcours. Pas de dépassement épuisant ce matin. Le chemin d’aujourd’hui est particulièrement plat : il suit les lignes de courbe pendant des heures, passant de sous bois en plateaux fleuris, en zones sinistrées... On traverse des endroits qui ont récemment brulé : les souches sont calcinées, la terre noircie. Seuls quelques buissons essayent de repousser sur les cendres.  Ces paysages désolés nous rappellent les dangers des incendies en Corse : sécheresses, vent et randonneurs imprudents (ou criminels) ont tous les ans de méchantes conséquences pour le patrimoine naturel de la Corse.  On déjeune, les pieds dans un torrent glacé, d’un repas de saucisson, pain et de salade niçoise généreusement offerte par un randonneur en quête de légèreté. L’étape se termine par une ascension difficile, en plein soleil sur des éboulis glissants. S’ajoute á cela la digestion de la salade niçoise… Nicolas refuse de s’arrêter pour se baigner dans la rivière en contrebas alors que presque tous les randonneurs de tête profitent de l’onde vivifiante. Le prétexte : la course aux bonnes places dans le prochain refuge.
 
Les bergeries d’E Capanelle sont situées à coté d’une station de ski endormie pour l’été. Premier contact avec la civilisation depuis le village de Bavella.  Voiture, fils électriques et restaurant qui vend des glaces. Main basse sur les « Extrêmes » vanille chocolat et autres friandises glacées. Mon premier achat de fromage Corse : un morceau de tomme local qui se révélera excellente.
 
Des envies à satisfaire, ce qui me conduit à écrire une chronique sur le thème de la nourriture sur le GR 20. Que mange-t-on sur le mythique sentier corse ? Essentiellement des lyophilisés testés préalablement en Allemagne. On a du hachis Parmentier, du Chili con carne, des pâtes au bœuf et champignons. On les prépare le matin après le petit déjeuner et on les mange le midi. C’est parfait pour les étapes longues ! Le soir, c’est soupe aux poireaux, aux champignons, aux asperges ou crémeuse au tortellinis. Le matin, c’est pain, dosette de Nutella accompagné de thé, chocolat ou de café.  Pour les étapes les plus courtes et au fur et á mesure de l’épuisement des lyophilisés, on switch sur la nourriture plus traditionnelle de pique-nique. Pain, saucisson, fromage, chips, salade en boite et gâteau. Dans presque tous les refuges, il y a la possibilité d’acheter du petit ravitaillement. C’est cher : entre 2,5€ et 5€ pour une miche de pain, entre 2€ et 3,5€ pour une canette de soda, entre 23€ et 28€ / kg pour de la charcuterie, entre 5€ et 8€ un saucisson, entre 0,5€ et 2€ pour une conserve de compote. On essaye de s’accorder quelques petits plaisirs pour garder la motivation. Une canette de Coca fraîche après 6h de marche en plein soleil : c’est Byzance !
 
Les douches du refuge sont folkloriques : deux cabines dont on a enlevé des planches á mi-hauteur pour faire passer les tuyaux d’eau. De l’extérieur, on a une vue superbes sur le haut des cuisses (et parfois plus) des personnes qui se douchent. Repas arrosé de bière avec Celine et Clément. On passe une super nuit. On s’installe confortablement entre des hautes herbes et une petite maison de pierres...
Jour 4 (mercredi 22.06.2011): Usciolu- Prati
Temps théorique: 6h30 ; Temps effectif : 5h30
 

Tous les matins c’est le même enchainement : On commence à prendre notre rythme. Petit déjeuner, rangement, brossage de dents, passage aux toilettes… La nuit en refuge qui devait nous épargner le rangement de la tente ne nous fait malheureusement pas gagner de temps. Nous sommes prêts comme la vieille à 7h15 et partons en même temps que tout le monde. Du coup, c’est le stress : il  faut dépasser tous les groupes. Les uns, compréhensifs, se laissent faire, les autres retardent le plus possible le moment du dépassement. C’est exaspérant. Il faut choisir les bons créneaux, donner un coup de collier et y aller… On se croirait á un grand prix de F1. On arrive enfin a se caller sur le rythme d’un groupe « ami » de 6 personnes qui évoluent comme nous.
L’étape consiste en une succession de crêtes qui mènent jusqu’au  refuge de Prati. C’est difficile et un peu monotone. Tout comme les trois premiers jours, j’ai une faim de loup au bout de deux heures de marche. Je pourrais faire, sans probleme, trois petits déjeuners dans la matinée de marche. Heureusement, on a prévu beaucoup de grignotis : noix, noisettes, amande, et cocktails de fruits rouges séchés.
On avait prévu de déjeuner un peu avant d’arriver au refuge mais en voyant la petite maison au milieu de son champs tout vert, nous nous empressons d’arriver pour planter, en premier, notre tente. Le refuge de Prati est posé sur un tapis d’herbe rase qui, au toucher, rappelle une bonne moquette bien épaisse. On enlève immédiatement nos chaussures et nos chaussettes. Un régal! Pendant que Nicolas nous installe, je nous prépare une collation avec boissons fraiches, saucisson et pain. On achète des Canistrelli, une spécialité de gâteaux locale, que l’on déguste avec un thé au citron. Raffinement jusque sur les sommets de la Corse.
S’en suis une douche presque chaude. Et la, c’est le drame : le savon tout neuf m’échappe et va tout droit dans le conduit d´évacuation. Impossible à récupérer. On était déjà un peu juste de ce coté : l’hygiène sur le GR 20 ne tient pas á grand-chose.
Je fais la lessive et nous étendons le linge sur notre fameuse corde aux couleurs de la Bavière, maintenue en suspension par un ingénieux système breveté Nicolas. La corde se fixe entre le sommet de la tente et un tripode constitué de bâtons de randonnée. Le montage a son petit succès à en juger par les réflexions des gens quand ils passent a coté. Après c’est étirements et contemplation du paysage. Le site donne sur la cote Est de la Corse. On peut voir les plages et l’azur de la Méditerranée, hors de portée… On voit arriver les randonneurs en petits groupes et les mules de portage. Certains randonneurs ont choisi cette formule pratique : les bagages sont portés á dos de mules de refuge en refuge. Des randonneurs ont accès á leur affaires tous les 2-3 jours et peuvent ainsi considérablement alléger leur sac. Les mules qui arrivent sont délestées de leur chargement et volontairement entravées. Une corde relie une de leur pate avant avec une de leur pate arrière. Elles sont ensuite libérées et peuvent aller brouter ou bon leur semble. Leur premier réflexe est de se rouler par terre pour se gratter le dos : leur façon personnelle de s’étirer. Elles s’éloignent ensuite assez rapidement du camp en quête de bonnes touffes d’herbe et de calme.
On dine avec Clément et Celine et on se couche. La nuit est difficile : il vente et fait très froid. Le polo Thermique  à manches longues, la polaire et la veste haute performance Jack Wolfskin ne suffisent pas à me réchauffer. La nuit est courte. 
GR 20 - Juin 2011
Jour 3 (mardi 21.06.2011):  Asinau- Usciolu
Temps théorique: 8h30 ; Temps effectif : 8h00
 

On la redoute, c’est la plus longue étape du GR 20 et elle passe par le sommet de la Corse du Sud. Alors on se réveille tôt, à 5h00. Petit déjeuner, rangement, toilettes, brossage de dents et départ à 6h15.
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